Comment peut-on être Européen ?
Transmettre l’Europe à la jeunesse
« L’Europe et la jeunesse. Il était temps de jeter une lumière crue sur l’un des paradoxes les plus surprenant de l’histoire de l’Europe : l’éloignement persistant de l’une par rapport à l’autre, alors que leur relation est la clé de l’aventure européenne ». Un ouvrage de référence.
La préface de l’ouvrage « Transmettre l’Europe à la jeunesse XX°-XXI° siècles» (Presses Universitaires de Rennes) pose cette question décisive. Elle est due à Alain Lamassoure, le président de l’Observatoire européen de l’enseignement de l’histoire auprès du Conseil de l’Europe. Il identifie les principales causes de cet éloignement : « Les programmes n’évoquent les pays voisins qu’à travers les relations conflictuelles : guerres, massacres, invasions… La fracture historique entre l’Ouest du continent, dont l’enfer semble rempli tout entier par la Shoah, et l’Est, qui y ajoute les horreurs du communisme, tandis que montent les condamnations pressantes de l’esclavage et de la colonisation européennes ». Diagnostic confirmé par Sébastien Ledoux, coordinateur de l’ouvrage : « Cette cristallisation sur des passés négatifs domine les politiques mémorielles et muséales au point d’y voir un récit fondateur en négatif ».
Dans cette situation, comment les jeunes Européens peuvent-ils assumer leur identité de façon positive ? Comment élaborer un récit collectif intégrant tous les aspects du passé, ombres et lumières, pour construire un destin commun ? L’historien Jacques Le Goff évoquait « le désir d’éclairer notre jeunesse sur le passé d’une Europe dont nous faisons partie depuis l’Antiquité ». Comment transmettre l’humanisme européen ? Telle est la question à laquelle tentent de répondre les contributions réunies dans cet ouvrage. Elles sont issues d’une journée d’étude organisée par Sébastien Ledoux, historien spécialiste des enjeux de mémoire, Niels F. May, de l’Institut historique allemand (Paris), qui ont coordonné le livre collectif, Benoit Falaize, Mathieu Marly… Les jeunes Européens, Français, Grecs, Suédois…, sont Européens ! Comment les aider à prendre conscience de ce fait décisif pour leur avenir ?
Une contribution rappelle ce que furent les rencontres européennes de la Lorelei (un immense rocher au-dessus du Rhin évoquant une nymphe) qui rassemblèrent en 1951 35.000 jeunes durant quinze jours. Cinquante ans plus tard, l’évènement sera célébré par un festival musical et culturel organisé par l’Office franco-allemand de la jeunesse. Les tensions mémorielles apparaissent dans les contributions sur la bataille de Mohács en 1526 en Hongrie, les divergences des temps historiques dans l’Europe réunifiée, les musées dédiés à l’Europe…
Le rôle de l’Association européenne des enseignants est présenté de même que la littérature scolaire (le Tour de France par deux enfants de G. Bruno qui écrira un Tour d’Europe, le Merveilleux voyage de Nils Holgersson, de Selma Lagerlöf et bien d’autres), ainsi que la littérature de jeunesse, rarement envisagée du point de vue européen, sauf exception comme avec le numéro d’avril 2019 de la « Revue des livres pour enfants » : « L’Europe, quelle histoire ! ». D’autres contributions cernant la place de l’Europe dans les cours d’histoire, de géographie et dans l’Enseignement moral et civique.
Sébastien Ledoux est également un des responsables éditoriaux de l’Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe. L’EHNE a été créée en 2012 dans le cadre des Investissements d’avenir (LabEx EHNE – Sorbonne Université). Toute une partie du site de l’EHNE traite de l’histoire de l’éducation et de la formation en Europe.