Comment peut-on être Européen ?
MigrArts : les migrants ne sont pas que des migrants.
Au cœur de l’Europe, notre dernière forêt primaire est le lieu d’un triste épisode de ce que les historiens appellent la « guerre civile européenne ». La forêt de Białowieża est située de part et d’autre de la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Elle est le vestige de l’immense forêt hercynienne qui couvrait le centre et le Nord de notre continent. Une forêt primaire est constituée d’espèces animales et végétales locales, n’ayant que peu de traces de l’activité humaine. La forêt de Białowieża devrait être l’objet des soins des deux pays dans lesquels elle se trouve. Un haut lieu de collaboration scientifique et culturelle. Mais c’est le contraire qui se passe…
La confrontation entre l’OTAN, l’Union européenne et la Russie à la suite de l’invasion de l’Ukraine trouve ici un écho inattendu. Des migrants sont pris entre deux feux, en pleine forêt. Le gouvernement biélorusse, proche de Poutine, les incite à tenter leur chance dans un but de déstabilisation politique. Le gouvernement polonais, qui se veut fer de lance de l’UE, a construit au milieu de cette magnifique forêt un mur de béton et de barbelés de 5 mètres de haut sur plus de 180 km de long pour leur fermer la porte. Pour qui se réclame de l’humanisme européen, la situation dramatique de ces personnes perdues au milieu d’une guerre qui ne les concerne pas exige un soutien effectif.
Qu’est-ce que MigrArts ?
Les personnes qui suivent les voies de l’exil de l’Afrique ou de l’Asie vers l’Europe ne se réduisent pas à leur conditions de migrants. Leur destin est remarquablement illustré par les sculptures de Bruno Catalano (ci-contre). Elles sont porteuses de cultures et à ce titre détentrices des droits culturels reconnus par de nombreux textes internationaux et lois nationales. Le projet européen « MigrArts » est conçu pour accompagner l’application effective de ces droits. Co-financé par Erasmus +, il est orchestré par la Ligue de l’enseignement avec ses partenaires italien·nes (ARCI), macédonien·nes (CDI) et croates (CMS). Ce projet a permis de développer un guide pratique « Pour une approche inclusive et émancipatrice des personnes migrantes par les activités culturelles et artistiques » avec une large palette d’exemples d’activités à mener. Ce guide pratique, libre d’utilisation, a vocation à encourager les initiatives artistiques et culturelles qui peuvent émerger dans des contextes très nombreux et divers. Il propose des éléments de réflexion aux porteurs de projet, des exemples inspirants et des outils qui facilitent leur démarche. Ce consortium européen a également créé de courtes formations afin que salarié·es et bénévoles puissent s’approprier le guide le plus simplement possible. Ces formations peuvent être utilisées librement par des structures souhaitant former leur personnel.
Que sont les droits culturels ? Patrice Meyer-Bisch, président de l’Observatoire de la diversité et des droits culturels et membre du Groupe de Fribourg, à l’origine de la Déclaration de Fribourg sur les droits culturels, propose cette définition: « Ce sont les droits, libertés et responsabilités pour une personne, seule ou en commun, de choisir et d’exprimer son identité en accédant, pratiquant et contribuant à des références culturelles perçues comme autant de ressources nécessaires à son processus d’identification, de communication et de création. Ainsi, ils regroupent à la fois les droits qui protègent l’identité (non-discrimination ou respect de l’identité), les moyens d’expression de cette identité (liberté d’expression, droit de participation à la vie culturelle, droit d’utiliser la langue…) et l’accès aux diverses ressources nécessaires pour vivre librement son identité tout au long de la vie (éducation, information, liberté d’association, accès aux patrimoines) ». Voilà ce que s’efforce de faire vivre notre guide:
Les engagements et les activités européennes de la Ligue de l’enseignement