Le premier volume d’une nouvelle « Histoire de l’Europe » vient de paraître aux éditions Passés/Composés. Une somme de plus de 650 pages dans laquelle se plonger pour retrouver origines et héritages.
Les histoires de l’Europe, rédigées des points de vue les plus divers, sont nombreuses. Elles répondent, au moins en partie, à une question philosophique et culturelle : Qui sommes-nous ? On pourra ainsi se plonger dans celle proposée par les éditions Passés/composés « Histoire de l’Europe. Origines et héritages ». Elles ont confié la direction de la série des quatre volumes prévus à Benjamin Deruelle, professeur d’histoire de l’Europe moderne à l’Université du Québec (à Montréal) et la coordination du premier volume Violaine Sébillotte Cuchet, professeure d’histoire grecque à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne.
Ce premier volume embrasse large. Tout en prenant acte de la tradition faisant remonter le début de l’Antiquité à la date de fondation des Jeux olympiques, en l’An 776 avant notre Ere suivant le calendrier grec, la préhistoire de l’Europe toute entière est décrite. Avec l’apparition de l’Homo erectus il y a plus d’un million d’années, de Neandertal (dont nous conservons la trace dans notre patrimoine génétique) puis du moderne Sapiens. Pas de stagnation, contrairement aux idées reçues : Avec un kilogramme de silex Erectus obtenait un outil avec quelques centimètres de tranchant, Néandertal plusieurs outils et Sapiens des dizaines. Les Ages du cuivre, du bronze et du fer sont ensuite détaillés. Nous sommes déjà en pleine civilisation celtique voisine des magnifiques civilisations grecque et latine. Le calendrier de Coligny, en langue gauloise transcrite en latin en donne un exemple marquant.
La Grèce puis Rome, Cités, République, Empire… se taillent évidemment la part du lion dans ce volume. L’histoire politique voisine avec l’histoire économique (structure de la production, formes d’exploitation…), l’histoire culturelle (avec une remarquable réflexion sur les notions de mythe et de mythologie…), l’histoire des femmes (avec des exemples marquants mais trop rares d’émancipation…).
Le monde dit barbare est largement présenté bien que les sources premières soient beaucoup plus rares. C’est que l’Europe est considérée dans son entièreté (une allusion possible à l’expression « l’Europe au regard large »), incluant Celtes, Germains, Scythes (lointains ancêtres présumés des Ukrainiens et des Russes). Les chapitres sur l’art de vivre et la culture, banquets, arts et techniques, maitrise de l’alphabet… sont éclairants. Un chapitre porte un titre étrange « La médecine gréco-romaine est-elle Européenne ? » On n’aurait pas l’idée incongrue de se demander sur la statuaire, l’architecture ou la philosophie gréco-romaines sont Européennes ! Le chapitre lui-même étant au demeurant fort intéressant.
Ce fort riche volume se termine au V° siècle. Citons un passage annonçant le triomphe du christianisme : « La fête est finie… Les œuvres de la paideia gréco-romaine cèdent la place aux Ecritures, le culte de la santé du corps et l’entrainement sportif sont remplacés un idéal d’ascèse et de mortification, le luxe de la table par la frugalité et le jeûne, la sexualité et l’érotisme par la chasteté et l’abstinence. C’est la fin d’un certain art de vivre… ».