Comment peut-on être Européen ?
Le Cercle Condorcet de Paris et l’Europe
Depuis plus de trente ans, l’Europe est au cœur des préoccupations du Cercle Condorcet de Paris. Bernard Wolfer, président du Cercle et cheville ouvrière de la réflexion sur l’Europe présente ces travaux.
Ci-contre la statue en bronze de Condorcet installée face à l’Institut de France, quai Conti, à Paris. Le Cercle Condorcet de Paris a fêté ses trente ans sous l’égide de l’Europe en 2017. A cette occasion, un document synthétique survolant ces trois décennies de travail culturel est publiée. Un important passage est dédié à l’Europe. Le voici:
TROIS DECENNIES DE TRAVAIL CULTUREL
Dès 1991, quatre ans après sa fondation, un séminaire co-organisé avec le Monde Diplomatique et l’Evènement Européen, traitait d’Une certaine idée de l’Europe. Dans la foulée, au cours d’une période s’étalant de 1992 à 1995, le Cercle Condorcet de Paris réalisait un travail de fond, prolongeant cette réflexion, mais la centrant sur l’Europe centrale et orientale. Le cahier intitulé « L’avenir de l’Europe centrale et orientale », contient un document rédigé par le Cercle Condorcet de Budapest. La lecture de celui-ci est très riche d’enseignements, à bien des égards prémonitoires, à la fois, concernant les spécificités des pays de la région considérée et le caractère inapproprié de la méthode qui leur a été imposée par l’Occident en vue de le rejoindre. A posteriori, toutes les difficultés que rencontre aujourd’hui leur intégration dans l’Union européenne et qui étaient en germe sont évoquées .
De 1995 à 1998, une commission intitulée « Quelle Europe demain ? » se penchait sur les questions de citoyenneté européenne, sur les possibles réformes institutionnelles, sur les services publics, etc. Dans ces moments de mise en œuvre du traité de Maastricht, nous annoncions alors que « l’Europe continuerait si elle était capable de définir un nouveau projet. Elle a trop longtemps été porteuse de progrès pour représenter aujourd’hui la régression. ». Nous estimions possible de défendre une Europe sociale dans un monde ouvert, de créer une monnaie unique et d’harmoniser les fiscalités, les normes sociales, vers le haut.
En 1996, nous participions au Carrefour du Mans à un colloque « l’Europe, pour ou contre nous », où se posait la question d’une fédération européenne.Après plusieurs manifestations des Cercles Condorcet, notamment à Mâcon, les Cercles de Montpellier (Dominique Rousseau) et de Paris (Bernard Wolfer) publient un numéro spécial des Idées en Mouvement consacré à l’Europe, tiré à 70 000 exemplaires . Le 17 mai 1999, nous invitions Jean-Marc Ferry à traiter de la question de la souveraineté au regard d’une union politique européenne, question toujours d’actualité.
Le Cercle Condorcet de Paris a continué à suivre de très près l’actualité concernant l’Europe, affichant celle-ci de nombreuses fois à l’affiche de ses conférences « plénières » avec Stéphane Hessel, Philippe Herzog, Pervenche Bérès, etc. C’est ainsi que le référendum sur l’Europe de 2005 a fait l’objet d’un débat sur le sujet, en 2005, avec Stéphane Hessel arbitrant les positions opposées de Jean Pierre Pagé et Michel Cabirol sur le référendum.
Déjà en mai 2000, avec Espace-Marx, le Cercle Condorcet avait organisé un colloque au Sénat sur « Histoire et sens de la construction européenne », lequel a été l’objet d’une publication commune.
Mais c’est lors des travaux « Interclubs », sous l’intitulé « Renouveler la Gauche, repenser les fondements », associant neuf cercles de pensée de la Gauche et codirigé par le Cercle Condorcet de Paris et le club « Convictions » que l’on retrouve, en 2004 et 2005, le prolongement le plus important de ces réflexions dans un document intitulé « L’Europe aujourd’hui, quelle identité, quel projet ? ». On y retrouve l’un des grands thèmes concernant l’avenir de l’Europe – « L’Europe en panne de projet mobilisateur » – et des développements ayant trait aux « contours de l’Europe » et, plus précisément, posant, de façon cruciale, la question de sa vocation à s’élargir. Il convient, encore, de citer la très intéressante contribution de Dominique Rousseau devant les membres du Cercle proposant une approche d’avenir pour la construction européenne centrée sur une « Constitution » (novembre 2012).
Au premier semestre de 2016, était mise en place une commission relative au sujet de l’avenir de l’Europe aujourd’hui. Après avoir esquissé des « scénarios » pour une refondation de l’Europe, celle-ci a vu son premier travail troublé par le « coup de tonnerre » du BREXIT et réfléchit actuellement à la manière selon laquelle l’Europe, attaquée et ébranlée de tous côtés, pourrait trouver une nouvelle justification et un nouveau projet pour rebondir.
L’Europe est devenue un sujet constant de nos réflexions et de nos travaux aux cours desquels nous avons toujours mis en évidence les contradictions, les impasses, les espoirs déçus pour mieux évaluer les possibles et le souhaitable. Le Cercle travaille aussi sur la culture européenne.
Les principales publications du Cercle de Paris sur l’Europe:
Une certaine idée de l’Europe, Séminaire organisé par le Cercle Condorcet de Paris, le Monde diplomatique et l’Evènement européen sur l’Europe politique, culturelle, social, septembre 1990.
Avenir de l’Europe centrale et orientale, Cercles Condorcet de Paris et Budapest, novembre 1995
Quelle Europe demain ? 1ère éd. et 2ème éd.
Rapport de la Commission : « Quelle Europe construire ? », Plénière du 10 mars 1998
Une Europe des hommes dans le monde, Dominique Rousseau, Bernard Wolfer, (éditeurs) (1998) – Cahier Spécial des Cercles Condorcet, août-septembre 1998, 64 p., Articles d’Anne-Cécile Robert, Edgar Morin, Bruno Depresle, Michel-Henry Fabre, Henri Mendras, Dominique Rousseau, Bernard Wolfer, Jean-Marc Ferry, Maria De Lourdes Pintasilgo.
Fédération européenne : mythe et limites, Réunion plénière de Jean-Marc Ferry, 17 mai 1999
Histoire et sens de la construction européenne Espaces-Marx / Cercle Condorcet de Paris, Colloque des 5 et 6 mai 2000, actes publiés.